La Presse
Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer?» Si Lamartine avait promené ses pas du côté de l'impasse Sade, il n'aurait pas posé cette question tant la réponse lui aurait paru évidente.
Ici, au cœur de la Vieille-ville, le temps a fait une pause. Derrière une lourde porte en bois, un jardin déploie sa végétation jusqu'au pied d'une vieille bâtisse.
Sur la gauche, à l'étage, se trouve l'atelier de Bernard et Anne-Marie Sens-Olive, L'un restaurait les oeuvres d'art, l'autre ressuscitait les dorures. L'âge venant, ils ont ralenti leur activité. Depuis, ce lieu dédié à la création manquait d'oxygène. Un artiste vient de lui donner un second souffle.
Après le Bataclan
Debout au milieu de la pièce, le visage radieux au-dessus de son teeshirt bariolé, le directeur artistique du théâtre Antibea s'enflamme. "Cet endroit est magique, non? Je n'aurais jamais pu rêver mieux pour réaliser mes toiles..." Le metteur en scène devine notre étonnement. Il précise: "Je peins depuis près de deux ans. Après l'attentat du Bataclan, le 13 novembre 2015, jai eu un choc. Dès le lendemain, j'ai ressenti le besoin impérieux de traduire cela en peinture. J'ai emprunté le matériel de ma compagne et, le 17 novembre, je me suis lancé.... "
"Lancé." est le terme exact. Le comédien n'a jamais suivi le moindre cours de peinture. Et pas un instant, il n'a songé à en prendre. " J'ai procédé de façon quasi organique en jetant tout ce que j'avais, explique-t-il. Je voulais que les formes et les couleurs traduisent ma colère, mon dégout".Touche par touche, discrètement, Il utilise certains de ses tableaux pour habiller le décor de ses pièces. «. Yves Dahan a vu mes toiles, confie-t-il. Il m'a demandé s'il pouvait en prendre quatre pour une expo à Genève. Puis le peintre Jacques Lavigne est venu chez moi. li a regardé mon appartement, plein à craquer, et il m'a dit: ''Je crois que vous auez besoin d'un atelier!" C'est lui qui m'a mis en contact avec Bernard et Anne-Marie. Le contact est passé tout de suite ... •
Dominique le peintre joue sur le même terrain que Czapski le comédien: ses œuvrès s'inspirent des Pièces de Guerre d'Edward Bond. Elles expriment un univers torturé où l'homme ne surnage que par sa faculté de créer.
Pour la première fois, une soixantaine de ces toiles vont être exposées. Le choc, pour le public, promet d'être à la mesure du talent fulgurant de l'artiste.
C'est plutôt sous sa casquette de directeur artistique du théâtre Antibea que les Antibois le connaissent bien. A partir du 7 octobre, il leur sera donné de découvrir Dominique Czapski, l'artiste et le peintre. Cela die, Dominique s'empresse de tisser un lien encre ses deux passions. "Dam ma cat-riere, j'ai mis en scene plus de 60 pieces de théâtre. Je suis aussi comédien. Et puis sont survenus les attentats du 15 novembre 2015 a Paris. J'ai reçu un choc violent''. À l'époque, Dominique est en train de travailler les "Pieces de guerre" d'Edward Bond qui traitent de l'histoire de l'humanité. 'J'ai tout de suite jeté mon ressenti sur la toile.J'ai décliné "Pieces de guerre" en unités de création depuis le temps de !'Histoire moderne, l'apres explosion nucléaire en passant par l'enfermement et le grand souffle de l'explosion''. Au total, 150 toiles abstraites donc les palettes et les graphismes varient en fonction des périodes. Une création originale et très inspirée à découvrir lors de l'exposition "Grande Paix" du 7 octobre au 11 novembre aux Arcades. Pour la fin de l'exposition, et dans le cadre des commémorations du 11 Novembre, le théâtre Antibéa donnera la pièce "Grande Paix" mise en scène par Czapski.
Exposition. Après Genève et avant Grasse, Dominique Czapski expose une quarantaine de toiles à Caen. C'est une partie de l'œuvre prolifique créée en deux ans seulement. Car, l'avoue-t-il lui-même : « Je suis un jeune peintre».
Novice en peinture certes, l'homme n'en est pas moins artiste depuis le temps qu'il dédie sa vie au théâtre. Comédien, metteur en scène, professeur, Dominique est aussi directeur artistique du théâtre Antibéa créé dans le sud, en 1989, avec Jean-Marc Salvan. « Je fais des scénographies de spectacles, du répertoire classique et contemporain ».
Au lendemain du 13 novembre 2015 et des attentats commis sur le sol français, Dominique se saisit des pinceaux et couleurs laissés là par sa compagne et étale son ressenti sur la toile.
« J'avais besoin d'exprimer les violences du monde. Au départ, c'était un peu naïf, puis j'ai eu-envie de raconter, comme au théâtre».
Le parallèle ne cessera plus. « J'ai abattu les frontières entre les arts. Quand tu es acteur, tu pars dans un état mental transitoire. Je vais chercher mon geste dans cet entre-deux. C'est douloureux. D'abord c'est un jeu puis je rentre dans une intimité. Finalement, je m'égratigne moins dans le théâtre que dans la peinture».
Alors que le metteur en scène travaille sur le troisième chapitre des Pièces de Guerre d'Edward Bond, le peintre poursuit sa création picturale. Deux projets pour un même titre : Grande Paix. Une série de toiles créées à Antibes ou bien ici, à Caen. Voici l'autre dualité de notre homme théâtre en Provence, berceau , en Normandie. « Je suis un gars de Potigny ». Dominique est né à Falaise. Son père était mineur, sa famille installée à Potigny. Après son service militaire, il est parti exercer son métier d'infirmier auprès de son frère, installé à Antibes. Il quittera la profession, pas la ville. Il reviendra à cette passion du théâtre née en Normandie : « Je suis devenu artiste grâce à la Maison des Jeunes de Potigny. C'était ouvert tous les jours à l'époque. J'y ai découvert l'art».
Dans le Sud et dans son art, Dominique revendique fièrement ses origines géographiques et sociales qui ont forgé ses valeurs et ses idéaux. D'heureux hasards de la vie l'ont rapproché de Caen où il vit en alternance avec sa compagne Brigitte, et où il crée aussi, dans un atelier certes plus petit que celui du vieil Antibes, mais au moins tout aussi inspirant. Grande Paix - l'œuvre de Dominique Czapski décline l'histoire de l'humanité en quatre unités de temps : les empreintes, les inventions, la déflagration, la reconstruction. De grattage en essuyage, le peintre dompte son sujet : « Je fais de l'archéologie de la matière, et travaille sur les nuances». Le résultat est saisissant, « nous propulsant dans ses toiles d'encre, de sang, de déchirures, d'enfermements et d'explosions».
Exposition. Après Genève et avant Grasse, Dominique Czapski expose une quarantaine de toiles à Caen. C'est une partie de l'œuvre prolifique créée en deux ans seulement. Car, l'avoue-t-il lui-même : « Je suis un jeune peintre».
Novice en peinture certes, l'homme n'en est pas moins artiste depuis le temps qu'il dédie sa vie au théâtre. Comédien, metteur en scène, professeur, Dominique est aussi directeur artistique du théâtre Antibéa créé dans le sud, en 1989, avec Jean-Marc Salvan. « Je fais des scénographies de spectacles, du répertoire classique et contemporain ».
Au lendemain du 13 novembre 2015 et des attentats commis sur le sol français, Dominique se saisit des pinceaux et couleurs laissés là par sa compagne et étale son ressenti sur la toile.
« J'avais besoin d'exprimer les violences du monde. Au départ, c'était un peu naïf, puis j'ai eu-envie de raconter, comme au théâtre».
Le parallèle ne cessera plus. « J'ai abattu les frontières entre les arts. Quand tu es acteur, tu pars dans un état mental transitoire. Je vais chercher mon geste dans cet entre-deux. C'est douloureux. D'abord c'est un jeu puis je rentre dans une intimité. Finalement, je m'égratigne moins dans le théâtre que dans la peinture».
Alors que le metteur en scène travaille sur le troisième chapitre des Pièces de Guerre d'Edward Bond, le peintre poursuit sa création picturale. Deux projets pour un même titre : Grande Paix. Une série de toiles créées à Antibes ou bien ici, à Caen. Voici l'autre dualité de notre homme théâtre en Provence, berceau , en Normandie. « Je suis un gars de Potigny ». Dominique est né à Falaise. Son père était mineur, sa famille installée à Potigny. Après son service militaire, il est parti exercer son métier d'infirmier auprès de son frère, installé à Antibes. Il quittera la profession, pas la ville. Il reviendra à cette passion du théâtre née en Normandie : « Je suis devenu artiste grâce à la Maison des Jeunes de Potigny. C'était ouvert tous les jours à l'époque. J'y ai découvert l'art».
Dans le Sud et dans son art, Dominique revendique fièrement ses origines géographiques et sociales qui ont forgé ses valeurs et ses idéaux. D'heureux hasards de la vie l'ont rapproché de Caen où il vit en alternance avec sa compagne Brigitte, et où il crée aussi, dans un atelier certes plus petit que celui du vieil Antibes, mais au moins tout aussi inspirant. Grande Paix - l'œuvre de Dominique Czapski décline l'histoire de l'humanité en quatre unités de temps : les empreintes, les inventions, la déflagration, la reconstruction. De grattage en essuyage, le peintre dompte son sujet : « Je fais de l'archéologie de la matière, et travaille sur les nuances». Le résultat est saisissant, « nous propulsant dans ses toiles d'encre, de sang, de déchirures, d'enfermements et d'explosions».